A Francesca

Sur le parvis de la nuit
Cathédrale du silence
Nos étoiles acrobates
Funambules de la vie
S’amusent insouciantes
Sur les rais de la lune
Qui ouvre la danse :
Harpe de lumière
Aux cordes d’immense
Tendues sur l’abîme
Eclairé de lucioles
Tout en haut des ogives
De l’infini de nos songes
Aède qui chante
De sa voix si fragile
Le mystère des saisons
Sourires de l’enfance
Qui s’en vont sur les routes
D’une plaine d’orages
Au rythme de l’amour
Au pas de nos danses…

Ton étoile, Francesca,
Funambule des nuages
Dansait éperdue
Ivre d’orages
Sur toutes les cordes
Des nuits de pleine lune
Devant les étoiles
Etourdies du délire
Troublées par la danse
Qui menait l’aventure
De tes songes et tes rires
Delà les clartés
Qui brisent aveuglantes
Les rais de la lune
Le chant de sa harpe
Aux portes de l’aube :
Sortilèges du temps
Aux joies éphémères
Qui ramène la vie
Aux sources de sable
D’une plaine d’oubli…

Sous les arcs du silence
Suspendue à l’infini
Oiseau de sa danse
Tu n’as pas vu, Francesca
S’en aller les étoiles
Sur les eaux de la nuit
Et l’aurore qui avance
Boire aux pieds de tes songes
De ses lèvres altérées
Ta harpe de lune
Et soudain tu es tombée
Eclair de l’immense
Dans l’abîme des clartés
Des étoiles filantes…

Les goélands des falaises
– Les entends-tu, Francesca –
Crient seuls dans la plaine
Les pleurs de l’infini
Qui a perdu ton étoile
Dans les songes qui se taisent
Et le chant de sa vie…
Mais les autres étoiles
Escortées de galaxies
Reviendront te chercher
Les nuits de pleine lune
Et sur la harpe de l’immense
A nouveau tu danseras
Pour consoler les goélands
Syllabes de l’infini
De ton amour, Francesca…

Mars 1988