Villes bâties par le vent

A Don Archimede Maestri
qui le premier, m’a ouvert
les portes du savoir

Mais jusqu’au bout pourtant
l’espérance nous porte.
(Eschyle)

Dans ce recueil l’amour est partout, avec sa soif de réciprocité dans l’amour de l’autre. La Nature, nue de toute comparaison, est là pour dire et vivre cette quête qui doit conduire à la plénitude.
De la plaine de l’enfance jusqu’aux vallées secrètes de l’Himalaya, monte le refus du désespoir, malgré “les présences qu’on invente” pour parvenir à la réalité de ces “instants” futurs qui exigent de traverser le pont d’un présent fait d’absence. Après avoir “ramassé les pièges aux espoirs”, le poète attend “la nouvelle saison des amours” et implore: “Ne m’envoyez pas arroser l’arbre de l’absence”.
L’adieu à l’ami du désert n’empêche pas l’appel ardent de l’être aimé, sans lequel la vie n’aurait plus de sens. Poussé par le “désir vêtu de fièvre” le poète part à la recherche de l’autre: itinéraire et course spirituels avec ses départs, ses voyages-prétexte, ses “villes bâties par le vent” où l’on est à l’affût d’une “fenêtre qui s’ouvre” et où l’infini est toujours à la portée de la soif qui aspire à l’apaisement.
“Sur la route de Chitral”, en bord de mer d’Oman et sur les berges de l’Indus on entend crier: “Avez-vous vu passer mon amour ?”. Et l’auter croit l’entrevoir et le reconnaître. Alors retentit son nom, tandis que le silence se met à “parler sur les lèvres de la lùmiere” dans “la nuit où tout se perd, même l’immense”.
Après avoir retenu le temps “pour se nourrir d’infini” et s’être invité à bord du navire”chargé d’amours rares” qui pénètre dans le Bosphore, le poète est récompensé par la vision de “la ville bâtie par le vent”, “aimée du désert”, qui n’apparaît qu’à “ceux qui s’aiment” et que plus rien ne sépare, “même pas l’espérance”.

Sur les sentiers de la pleine lune
Tout en haut du matin
Il n’est jamais trop loin l’infini
La table des restes
Pluie de silences
L‘orage et l’enfant
Le silence des loriots
Plaine, ma mère
J‘ai envie de vivre
Courir vers les arbres
Je m’en suis allé guetter le printemps
INSTANTS D’UN FUTUR QUI TRAVERSE LE PONT DU PRÉSENT
(En remontant l’Indus jusqu’à l’Himalaya)
– I Te raconter au matin
– II Tourment qui veille
– III Sur la route de Chitral
– IV Aucune porte ne sera close
– V Le seuil à franchir
– VI Je me suis mis à écouter le fleuve
– VII Les présences… qu’on invente
– VIII Assis sur les marches de ma tendresse
– IX Traverseras-tu la rivière?
– X Le vent des caresses
– XI L’aire où l’enfance grandira
– XII Le désir courait plus vite que l’infini
Je voudrais retenir le temps
Derrière l’appel des cormorans
Navire chargé d’amours rares
La ville bâtie par le vent