Voyage sans escale

A mon ami M. B.
et à ceux qui m’ont aidé
à ne pas mourir

Il s’agit bien sûr de l’amour, du souvenir de l’amour, quand la ” mémoire se fait sang “. Une sensibilité blessée agite, interroge le souvenir, fait détour par le symbole de l’enfant de la crèche, lamente l’amour d’autrefois, en vers sensuels et paniques ” Tes mains sont trop serrées sur des caresses non données “, ” Mais en face il n’y a plus d’en face “. Cependant, l’absence est vite niée – ne serait-elle qu’emportée par l’allégresse du lyrisme. Si l’amour ne cesse de se dissoudre en buée, la mélancolie de l’absence appelle le voyage, qui va la secouer, la distraire, aux lieux ” où vont mourir les larmes “, avec l’arme de l’espace, celle de la Nature aussi où ” la lumière est une transparence décidée pour l’amour “. Désespoir, sursaut d’espérance, relais de foi en la vie représentée par l’écriture : l’homme solitaire veut ” enfanter sa parole “.
Et le poète, hanté par le goût de la liberté, s’interrogeant sur le destin du visage en allé, se demandant quel ” savoir ” contient l’amande amère de l’amour, comme malgré lui poursuit sa quête ” de l’autre rive “, où l’on se rend si facilement, quand deux mains sont unies pour ramer.

Il y a un cri d’enfant au coeur de l’hiver
En face
Sourire d’une promesse inconnue
Viens… on va chercher le printemps
Je t’ai laissé au bord de la route
Éternité
Voyage d’attente
Devant le port vide
Ma parole
Obsession
Un espoir
Un buffle, une maison, trois enfants
Elle, moi, toi
Un sourire imprévu
Funambule du printemps
Ton jardin
L‘autre rive
II est temps de s’en aller
Nous serons voyage