Un espoir dont on n’avait plus de nouvelles

au ” tulin “

Le châtaignier
Coupé cet hiver
Était seul dans le petit herbage
Que nous fauchions tous les étés.
Le vent s’y arrêtait
De temps en temps
Avec ses saisons
Ses soirs
Les rires et les pleurs des gens de passage
Les oiseaux
Leurs nids pleins d’étoiles
La lune
Si souvent sans visage
Et… les songes de routes lointaines
Inconnues
Désirées
Toujours restées dans les brumes
Stériles
Trop lâches
Du non-voyage.
Maintenant l’herbage est si seul
Sans la présence
Ignorée
Du châtaignier
Tombé
Seul
Avec ses histoires d’amour
Ses cours entrelacés
Fraîchement gravés
Ou dilatés
Défaits
Dans son écorce
Épaisse
Pourtant si fine
Et violette
Lors de ses amours
Jadis.
Autour de sa blessure
– Mémoire de la terre –
Encore vivante
Quelque part
Ont poussé des jets violets
Si souples
Sous la tiède caresse d’un vent tout jeune
Envoyé par un espoir
Dont on n’avait plus de nouvelles
Et… qui s’est souvenu.
Ils grandiront
Ils seront des arbres
Et dans la tendresse de leur silence
Le petit herbage de mes étés
S’apercevra
Enfin
De leur présence.

Novembre 1992