Viens…on va chercher le printemps

à Micaël

Assis à l’ombre d’une vieille solitude
J’attends le printemps.
Les oiseaux et les songes se taisent.
L’été est pourtant déjà dans les arbres.
Mais les coquelicots n’ont pas de sang.
Se serait-il égaré sur les passées secrètes d’un amour blessé
A la poursuite d’une aile hors du temps ?
A la lisière du soir
Quand le vent commence à parler au silence
Entends-tu ce gémissement au bout du couchant ?
Ta fenêtre est ouverte.
Viens, on va chercher le printemps.
Course éperdue au bord des étangs aux amours mortes.
Sur la rive d’un espoir oublié
Nous l’avons trouvé avec l’amour
Dans le piège de l’ombre sans arbres.
Qu’ils étaient légers dans nos bras
Sur le chemin du retour.
Les coquelicots étaient sanglants et les blés en herbe.
Nos corps couraient
Dansaient
Chantaient
Au rythme des ivresses antiques.
Nous avons endormi l’amour et le printemps
Apaisés
Près des ruches aux essaims de tendresse.
Étendus sur la transparence du songe
Nous avons bu alors aux sources du désir l’eau des plénitudes.
Là s’enivrent chaque nuit
Le chant des rossignols
Et l’infini lacté de la Galaxie.

Juillet 1992