Je t’ai laissé au bord de la route avec mon poéme…

Je t’ai laissé au bord de la route
La mère des songes
Près d’un champ de blés mûrs
Avec un mûrier d’ombre.
Je t’ai regardé t’en aller avec mon poème à la main
Oiseau blanc
Venu d’ailleurs
Aux ailes de mer et de chants
Apprivoisé dans la clairière du jour
Où nous avons appris à jouir
Sur les lignes mouvantes de nos corps
En y écrivant
Ensemble
Les gestes-paroles de l’amour.
Il y avait un chemin dans les blés.
Sur tes hanches dansait le sourire
Libre
D’un ciel de cobalt
Qui jaillit parfois des mains de l’été…
Au dernier tournant tu t’es retourné.
Quels mots y avait-il dans ton regard
Sur tes lèvres ?
Certitude
Attente
Brûlure… ?
Dans mes yeux le soleil s’est mis à trembler.
Je suis resté là
Longtemps
Immobile
A regarder ta beauté étendue sur les blés.
Pouvoir s’y rouler sans fin
La moissonner avec l’été…
Ce fut le couchant qui soudain me trouva
Seul
Avec mon désir
Au bord de la route
Où je t’avais laissé.

Juillet 1992