En face…

Dans les luzernes les cailles n’ont pas trouvé
 les erres du printemps
Et les premiers arcs-en-ciel ne se sont pas arrêtés
 sur les blés délaissés par le vent.
Les cerisiers ont oublié de fleurir dans tes yeux
Et tes mains sont trop serrées sur des caresses
 non données.
Les lèvres de l’enfant ouvertes pour le premier mot
 se sont tues de peur devant l’absence.
La lumière n’attend plus rien du jour.
Sur la grève aux nuits sans nom je suspends
 au temps qui passe les cages aux appeaux
Les oiseaux de l’enfance
Les appels de l’amour.
Ils ne cessent de chanter
” L’amour c’est beau l’amour
 C’est beau l’amour c’est beau “.
Mais en face il n’y a plus d’en face
Et le silence n’a plus d’écho.

Avril 1992