Sur les Ghâts du Temple du Feu immobile dans la vie un homme attend vêtu de blanc. Immobile dans la mort son fils attend à ses pieds enroulé dans un drap blanc. Immobiles la vie et la mort quêtent un peu de bois de santal aux passants.
  Le soleil venu – imploré du matin est aveuglant sur son Fleuve déjà blanc. Sur les frontons des palais les corbeaux et les vautours sont devenus blancs en attendant le bois de santal pour le jeune homme enroulé dans son drap blanc aux pieds d’un homme vêtu de blanc.
  Dans le Temple d’Or le Linga d’or est aspergé-oint-caressé-masturbé d’huile de santal par les mains de tout le désir du monde. Le désir a quitté le linga dans le drap blanc. Depuis toujours Shiva charrie dans son Linga d’or avec son sperme blanc la mort de la vie et la vie de la mort.
  Le Fleuve blanc charrie les eaux et les cendres d’un ciel tout blanc où tout est un et différent delà la vie delà la mort. A midi, si blanc à Vârânasi, sur les Ghâts blancs du Temple du Feu le père et le fils vêtus de blanc attendent toujours le bois de santal sous le regard blanc des vautours et des passants.

Octobre 1992