A l’entrée du dernier pont

Il est facile
De s’arrêter
Le soir
A l’entrée du dernier pont
Où plongent
Au bout de la nuit
Les brûlis de l’horizon
Ultime sourire du regard
Qui se ferme
S’éteint
Dans la crainte
Non consommée
D’un aller sans retour
Pour l’inéclos du désir
De l’amour…
Je voudrais tant sourire
Vivre
Être aimé
Delà les semblants
Sans me raconter des histoires
Sans imaginer
Seulement
D’aimer
Pour avoir le courage de m’arrêter
A temps
Au bord des appels
Des dernières brumes
Les brumes sans nom
Qui coulent si tranquilles
Sous le dernier pont…
Dans mon corps
Il y a toujours la brûlure
Promesse enracinée
De champs nouveaux,
Invisibles
Blessure d’horizons
Aile infinie
Qui me traverse
Fleuve sans rives
Qui marque mon front
D’un signe de feu
Signe d’élection
Course sans fin
Vers ton nom
Aux syllabes d’abeilles
Espoir d’un pont
D’un aller-retour
Main tendue
Si tu le veux
Delà les saisons…
Alors les rosées de l’inutile
Pourront sécher
C’est sûr
Dans la rumeur
Si vive
D’un printemps
Qui a su nicher
Avec les oiseaux
Avec leurs chants
Sous les arches du pont
Le dernier
Dans le temps…

Mai 1990