À lorée des enfances perdues

à Abdelghani de Annaba

Cette nuit
À la lisière de l’aube
Mêlées à la voie lactée
J’ai entendu les oies sauvages
Parler à voix haute
Du printemps
De leurs voyages.
Qu’ils sont loin tes chemins de sable
Aux cris
Muets
Des cerfs-volants
Qui planent
Si légers
Attachés au désert
Aux regards des enfants.

Sur la route aux bruyères
Fleuries… de passé
Encore mouillées de mémoire
De nids abandonnés
Je t’ai aperçu
Très tôt
Ce matin
Passer au loin
Avec ton enfance dans les yeux
Où migrent les nuages
Leur ciel blessé
Chargé de larmes
Les loups errants
Que la soif tue
Avec le vent
Au bord des mirages.

Mon espoir t’a poursuivi
Avec mon poème dans les yeux
Le faucon sur le bras
Pour la chasse à l’infini.
Ne va pas si vite.
Attends-moi.
Regarde.
L’étoile du matin
Nue
Timide
Rougit devant le jour.
Ne va pas si vite.
Arrête-toi.
Ecoute.
L’oiseau du désir
Annonce
Libre
Sur les branches de février
La saison des amours.

Si nous voyageons ensemble
Vers le soir
À l’orée des enfances perdues
Le désert se couvrira de tendresse
Nous fera asseoir
Sur une herbe toute neuve
Et… de ses mains
De ses lèvres
Où tremble le désir
Il nous donnera son encens
Ses dattes
Ses caresses
Ses nuits d’été
Aux étoiles infinies
Toujours vierges.
Qu’il sera doux alors de s’endormir
Les yeux ouverts
Fenêtre du désir
Apaisé
Où s’en va
Se perd
Le songe enfant
Vêtu de beauté
De plaisir
– Nostalgie de mer –
Près du puits vivant
Unique
Chaste
Du désert.

Mars 1994