Arbre solitude

Baobab
Arbre solitude
Ombre rare aux rares oiseaux
Voix d’étoiles
Qui envoûte les grillons
Sortilèges des herbes hautes
Sèches
Où se perd l’étendue de mon âme.
Qui leur donnera à boire
Les soirs de joies inattendues
Où psalmodient
Inventés
Les sources et les fleuves des soifs qui dévalent ?
Arbre mystère
Où passent
Infiniment sans hâte
Les ombres
Et la lumière qui les tue
Au détour des termitières
Chapelles géantes des sourires éteints
Des masques
Malgré une immense saillie de lune
Sur le fleuve
Ses hanches.
La nuit est si pâle d’attente
Que j’en pâlis
Un peu plus
A chaque instant
Car le vent ne sait plus d’être vent
A la porte du désert
Ouverte sur les ruches de sable
Suspendues aux branches de l’être
Où se sont égarés les mots et le silence.
La pluie
Viendra-t-elle
Enfin
Déteindre les masques-visages
Aux traits d’absence ?

A la lisière de l’invisible
Un nuage de poussière.
Est-ce un espoir qui tombe
Ou la pluie qui avance ?

Odeur
Acre
Soudain
De poussière mouillée.
Je revis.
Le baobab
Réveillé en sursaut
Etire son ombre
Et court l’immense.

Mai 2000