Aux portes de l’éphémère

Aux portes de l’éphémère
La soif jaunit le songe,
L’instant sourit à l’habitude,
Allée de la grève aux masques
Tarie de sève et d’ombre
Où l’ennui se pare de solitude…

L’aubépine des toujours fragiles
S’effeuille au creux des mains vides,
Leurres flétris rosées éparses
Arène des sabliers de lune
Sous l’oil froid des matins
Aux lueurs bistrées d’amertume…

Je n’irai pas au hasard des nuits
Où les phares blessés du désir
Expirent dans les ports du temps
Aux brumes mortes de corps souvenirs,

Avec les oiseaux de ma plaine
Je m’envolerai des branches de l’aube
Vers l’arbre estuaire du songe
Où les saisons apaisées se reposent…

Dans la chaude poussière du soir,
Aux cris des blés au bord du doute,
L’aile s’alourdit de regrets
De paroles jamais dites
Derrière la haie du jour qui s’en va
Nu d’espoir las de marcher…

J’avance obstiné vers l’ombre
Sourire promis des eaux vives,
Au risque de tout perdre
L’éphémère et le songe…

Novembre 1988