Bidonville à Djakarta

aux cités de planches et de cartons

Du haut de mon étage
Très haut
Je regarde la nuit s’étendre sur vos maisons
Si basses
Si ouvertes au vent
Si étroites à l’espoir
Où la faim s’assoit à l’heure de midi
Au désir du soir.
J’entends venir de loin
Très loin
Plus loin que les saisons
Le cheval du songe aux ailes de cerfs-volants
Qui emporte vos pas
Etouffe vos cris
Derrière des murs béants
Sans toits
Incendiés par le soleil humide des couchants.
Je vous sens respirer
Soupirer
Chercher dans le noir la lumière du sourire
De ceux que vous aimez.
Je viens devant vos portes
Je frappe avec la main de mes tendresses
Si brûlantes dans mon regard
Et j’entre m’asseoir près de vos attentes
M’étendre près de vos soifs
Vous prendre dans mes bras
Embrasser vos fronts
Vos yeux
Vos lèvres gercées par ce qui n’arrive jamais
Et est toujours sur le point d’arriver
Et je lancerai des brassées d’herbe de lumière
A travers les ouvertures de vos toits.
Alors
Pour nos désirs
Notre amour
Nos chemins
Nos quêtes
Nos espoirs
Ce sera l’aube du départ
Sur les grands voiliers du songe
Dans le vieux port de Djakarta.

Novembre 2002