Circoncisions

à Ridha de Nefta

C’était l’été dernier.
Un dimanche après-midi.
A Tozeur.
On allait élaguer l’arbre à l’enfant.
Le soleil cherchait un peu d’ombre sous les dattiers. Il était encore loin le couchant.
Il y avait les pleurs de la peur dans les yeux de l’enfant.
Dans la petite cour le père et la mère chantaient plus fort que la peur avec les femmes et les enfants. L’on espérait un arbre de printemps.
Personne n’a entendu tomber les feuilles de l’enfant…
Peut-être l’aède.
Il était là.
Si présent.

Le raisin que tu m’as offert près des sources n’était pas mûr. C’était pourtant la haute saison du désir.
Même l’orage n’arrivait pas à mûrir.
Les nuages étaient trop lourds de soif et de sable pour courir.
Sur mes lèvres inquiètes ton raisin a mutilé mon sourire.
Il y avait des pleurs acides et du vin de palme autour de mon corps.
Les dattiers et le désert criaient très fort dans mon regard. L’enfant n’y était pas encore mort.
Personne n’a entendu tomber les mots de ses attentes.
Peut-être le soir… et le silence.

Juillet 1994
(25-07-94 – En avion – Entre
Le Caire et Karachi)