Condamné à espérer

Quand je me suis trouvé devant les haies de l’enfance
J’ai senti que la plaine m’attendait .
Il y avait un vent nouveau
Tendre
Au bout des branches du saule .
Il était à un virage de la route
Là où mon âme s’était arrêtée .
Je savais que la plaine m’attendait
Elle ne m’a jamais renié .
Sur ses genoux elle avait un printemps à peine né .
Il m’a souri
Naïf
De ses yeux verts de blé .
Elle me l’a tendu .
Je l’ai pris dans mes bras .
Son regard m’a condamné à espérer .
La saison des pluies était loin .
Les gouttières étaient sèches et les arbres nus .
Les abeilles étaient devenues folles
En attendant la promesse de nectar frais .
Les oiseaux du soir
Jouaient avec les secrets possibles
Autour de nids oubliés
Perdus
Retrouvés .
Ce fut un matin sans mirages
Qui tua l’hiver
D’un coup net
Sur le talus du voyage .
Je ne peux oublier
Le cri
Infini
De la solitude déchirée
Sans visage .
Au loin le désert parle .
Il empêche de dormir .
Sa voix est insistante .
Il est toujours aux portes de l’être .
Comment résister
Et … ne pas renaître .

Février 1998