Feulements d’aventure

Jardins du Luxembourg avant l’ouverture .
L’été se baigne dans les sueurs troubles de la nuit .
Il sèche les sourires de la foule
Qui attend aux grilles de l’ennui .
A huit heures l’aurore n’a déjà plus de sexe pour les désirs
Et sur le corps du matin
Les oiseaux s’atrophient en syllabes désertes de plaisir .
Le soleil alourdit les branches des arbres .
Elles risquent de se casser
Sous le poids de l’absence
Trop blanche
Du vent à midi .
La foule
Murée dans ses silences
Migre au gré de l’ombre .
Elle tourne en rond
Sans cesse
D’un songe l’autre .
Cercles-mirages aux soifs inutiles
Orages avortés
Stériles
Dans les fruits vides des grenadiers .
Une seule hirondelle donne des ailes au soir .
Est-ce l’âme errante d’un matin
Que la foule attend
Chaque jour
Au bord de l’espoir ?
Jardins du Luxembourg après la fermeture .
L’hirondelle continue à se nourrir de lumière .
Quand s’apercevra-t-elle que le soleil et les nuages
Se sont empalés
Sur les grilles dorées du fini ?
Envie irrépressible d’escalader les grilles de la cage
De se perdre dans la nuit
Son inconnu
Ses possibles .
Il y a des feulements d’aventure
Qui courent
Quelque part
L’infini .

2 Juillet 1998