Je suivrai l’été

Là-haut
Le pommier sauvage est en fleur.
Il m’attend.
Il m’a préparé un parterre de genêts
Myrtes et pétales de pruniers.
Il veut me parler.
– Méfie-toi de l’été
Il est très tendre
Très beau
Il veut t’apprivoiser.
Tu risques de pleurer quand il va s’en aller.
Les oiseaux et les fleurs lui diront adieu
Avant de s’enrober de silence
De brumes
De givre
Avec les arbres dénudés.
– Quand il s’en ira
Je le suivrai jusqu’au désert
Où il campe parmi les dattiers
Et j’irai encore plus loin
Jusqu’à la Croix du Sud
Trinité des frangipaniers
Des danses
Du plaisir sacré.
Et toi
Pommier sauvage
Je viendrai te revoir avec l’été
Et je te raconterai les désirs
Qu’il a suscité dans les contrées sans saisons
Où l’orage n’a pas de nuages
Pas de pluie
Seulement des larmes joyeuses de cerfs-volants
Colorées des tiédeurs
Intenses
Des rivages
Des infinitudes du couchant.

– Méfie-toi de l’été
Il a le sourire des libellules
Le rire des pics-verts
Et la caresse du vent dans les châtaigniers.
Il est joyeux
Il aime courir après les loriots et les songes
Il danse dans les vignes et s’enivre d’alouettes et de blés.
En le suivant
Tu risques…

– Je suivrai l’été.

Avril 2002