Je viendrai te voir partir…

Aucun mur
Ne séparait nos jardins
Où nous avons mangé
Si souvent
Les fruits mûrs de nos saisons.
Nos lèvres
En sont encore tachées de plaisir…
Aucune nuit
Ne séparait nos saisons
Où nous avons appris à la lumière
A s’arrêter
Sur la ligne mouvante du désir.
Nos corps
Sont encore baignés des couchants
Qui remplissaient de beauté les yeux de nos songes…
Tu as décidé de partir
Là-bas
Où l’horizon se déchire…
Un autre jardin
Inexploré
D’autres saisons
Inconnues
Devinées
– Je ne sais qui a pu t’en parler –
T’appellent de là nos paroles
Tendres complices
D’un chant secret…

Tu partiras sûrement à l’aube…
On part toujours à l’aube
Et… l’on revient le soir
Si l’on revient…
Mêlé à la foule des souvenirs
Qui hantent le port des amours
Je viendrai te voir partir
Au quai des sourires
Forcés
Qui se brisent…
Caché derrière mon silence
Je chercherai ton regard
– Il m’a souvent cherché –
Et le laisserai m’envahir
Courir dans mes veines
Avec le jour qui se lève
Jusqu’aux rives du soir
Où l’espoir se repose…
A la tombée de la nuit
Il saura me fleurir
D’une chaude lumière de couchant
Et… dans la douce étendue de son infini
Je parcourrai la voie lactée
A bord de mon désir…

Décembre 1989