La page du fleuve

Le fleuve vient à ma rencontre
Avec ses rives peuplées de maisons blanches.
Aussitôt il s’en va
Loin
Sans moi.
Je le regarde s’en aller infiniment libre.
L’amour ne le connaît pas.
Il l’imagine
Pour se donner de l’espoir.
Un héron blanc descend le courant.
L’orage vient.
Les tonnerres courent sur l’eau.
Un faucon aime une colombe
Il veut l’épouser.
Un jour il part à sa rencontre.
Les oiseaux s’envolent
Les chevaux s’échappent
Le soleil immense s’endort.
Ne le réveillez pas
Il a tellement de songes dans son corps.
On danse au bord de l’eau
Les mariés s’embrassent
Ils se regardent dans le tendre miroir de l’infini.
Reviendras-tu ?
Les voies du fleuve sont innombrables.
Ce n’est pas moi
Ne m’accusez pas
L’aube va venir
Ne la tuez pas
Elle est si jeune
Pourquoi voulez-vous la faner ?
La colombe n’est pas vierge.
Le faucon s’en est allé.
L’amour est parti mourir sur l’autre rive.
Que de matins attendus.
La maison est vide.
La lumière avance sur les empreintes de l’ombre.
Ne cherche plus.
La colombe écrit sur la page du fleuve.
Elle n’en connaît pas la fin.
Je voulais t’écrire sur la page de mes songes.
Tu as eu peur
Tu ne m’as pas cru.
La colombe continue à écrire.
Je ne t’écrirai plus.

Décembre 2001