Labyrinthes

à Mouldi de Nefta

Dans le sable
Sur la plage d’une mer disparue
Les rues
Malades d’absence
Se poursuivent
Etroites
Innombrables
Entremêlées au silence.
Les maisons
Leurs tapis en brique
Damiers du temps qui passe
Boivent la lumière du soir
Jusqu’à l’ivresse des sortilèges
Qui hantent le désir
Les soifs cachées
Tache de vie derrière le miroir.

Psaumes d’amour promis
Nous avons franchi
Légers
Vêtus du sourire de l’infini
Les portes du labyrinthe
Si invitant
Avec son masque d’ocre
Enchanté
Piège de couchants.

À gauche
À droite
Tout droit
Sable
Mur
Impasse…
Retour
Détour
Mur
Sable
Impasse…
Soif
Peur
Angoisse…
À gauche
À droite
Sable
Mur
Impasse…
Vite
Plus vite…
J’étouffe
Je meurs
J’ai peur.
Vite…
Plus vite
Une porte
Une fenêtre
Ouverte…
Vite un peu d’air
Un peu d’eau
Un peu d’infini
Un peu de vert
Vite
Pour le désert…
À l’orée de l’oubli
Après l’appel de tes paroles
Aux intonations d’eau fraîche
Qu’il est loin le labyrinthe
Perdu – à jamais ? – dans la nuit.
Autour de mon corps
De mon âme
De mes songes blessés
J’entends les dattiers murmurer ton amour.

Pourquoi les nuits des illusions
Au voyage sans fin
Sont-elles si brèves ?

Au bout de la clarté
Jour de soleils
De galaxies
Je vois avancer
Sombre
Inattendu
L’orage du mensonge.
Des lèvres d’un masque
Vide de sourires
Il pleut
Soudain
Du sel
Du sable
Des hyènes
Des chacals
Des murs
Des impasses…
La blessure est ouverte.
L’amour
Pleure
Toujours
Aux portes du labyrinthe.

C’était encore un soir.
Repus d’illusions éteintes
Les hyènes et les chacals
S’étaient vêtus de silence.
Nous avons couru ensemble sur les dunes
Regarder le soleil s’en aller
Sur nos chemins
Si proches
Si lointains
À la recherche d’une présence
D’une rencontre
Quelque part
Peut-être… la nôtre.

Septembre 1993