L’arbre des possibles

 

L’arbre est immense dans la plaine.
Entends-tu crier au loin les oiseaux de passage ?
Le vent les emporte des confins de l’oubli.
Ils viennent apaiser dans ses bras
Au bout du chemin des paroles
La mémoire d’un regard infini.
Son ombre est chère aux gens de voyage.
Dans ses fruits mûrit le vaste matin
Le calme solstice de lumière et de chants
Qui exalte l’horizon d’attente et d’espoir.
Sur les lèvres des étés sans pluie
La soif se fait désir d’orage.
Les feuilles appellent les tendresses du soir.
Il y a toujours un drap de couchants
Etendu à ses branches.
L’amour l’a brodé de nuits de pleine lune
Hantées de visions et de songes
Pour le froid des coeurs qui se ferment.
Dans le silence des mains tendues
N’approche pas l’échelle du mensonge
Des blessures inutiles
Le sourire de sa clarté
Transparent de certitude
Pourrait t’éblouir
Te faire tomber
Dans le vide
L’indifférence
Le regard du mépris
Où tu ne serais personne
Ou… n’importe qui.

Octobre 1991