L’aube ne m’a pas oublié

Rails sans fin
Bordés d’arbres
D’herbes amères
Trop rouillées pour faire espérer.
Envie insurmontable de dérailler.
Galop d’un cheval sans horizon.
La plaine n’a plus de rives.
Un grillon chante sa joie de vivre.
La nuit est si proche
Si tiède
L’on voudrait s’y perdre.
La mer
Invisible
Chante des mots inconnus
Amis des songes.
Feuilles jaunies dans mon regard qui attend.
Espoir fous
Sur les chemins de voiles blanches
D’ailes peintes d’arcs-en-ciel
De rendez-vous d’yeux-matins.
Rails
Chemin sûr
Sans âme
Les trains arrivent
Sifflent
Repartent.
L’amour est-il quelque part ?
Il ouvre une portière
Il descend
Il s’enfuit à la gare de nulle part.
Qui va à sa rencontre ?
Il n’attend pas.
La pluie peint des sourires.
Les rails n’en veulent pas.
Leurs lèvres sont trop serrées
Trop sèches
Immuables
Clouées.
La poussière des sentiers
Où se promène l’été
Parle le soir à la rosée des herbes folles oubliées.
Refaire le chemin de jadis.
Te chercher.
Tu n’es plus là.
Les trains sont passés
Ils ne reviendront pas.
Le printemps avait des rails inconnus
Profonds
Dans les sillons de mes champs
Où souriaient les blés.
Les oiseaux les ont cherchés.
Ils les ont chantés.
Les fourrés étaient pleins de voix.
Je ne savais plus où aller.
La huppe de mars et de mai m’a donné le chemin.
Je n’ai plus cherché.
Les rails sont toujours là.
J’attends.
L’aube ne m’a pas oublié.

Octobre-novembre 2002