Le bistrot de la solitude

Ce matin
Sans me prévenir
Le train du demain est parti
Il a abandonné un wagon
Le dernier
Bien campé sur ses rails
Devant un champ de luzerne à peine fauché.
Je voudrais l’anéantir.
La solitude
Y a ouvert son bistrot
Elle n’est pas mon amie
Je ne suis pas son client.
Je ferai appel au vent qui déracine les arbres
Pour le déchiqueter
A la foudre
Aux typhons de la mer de Chine
Pour le faire exploser.
Mais qu’attends-tu ?
Ton regard pourrait suffire.
Un bateau au large
Sans voiles
Est-ce ton sourire qui s’en va ?
Je t’ai donné un sabre de feu
Acheté au désert des hauteurs
Tu l’as plongé dans l’eau de ton vide
Il ne connaîtra jamais mes rives.
Le wagon est toujours là
Le bistrot est toujours ouvert
Il y a beaucoup de clients le soir.
Je n’ai plus de rives.

Août 2002