Le sourire a le même chemin sur vos lèvres

à mes amis Juifs et Palestiniens

Ils montent du désert
Vêtus d’Histoire et de sable.
La soif a brûlé leurs lèvres.
Courrez à leur rencontre
Avec du vin et des grenades ouvertes
Faites-les asseoir sous le même arbre
Et dites-leur qu’ils sont frères.

Il n’y a plus de cèdres sur les collines.
Le vent est seul.
Les troupeaux sont dispersés
Les ruches vides.
Les vignes sont infestées de renards.
Dans les vergers les figuiers sont stériles.
Sous les treillis
Qui a mutilé l’allégresse ?
Les chants et les danses se taisent.
Le silence entend fuir au loin les gazelles.
Le miel n’est qu’un souvenir.
Les aloès et la peur grandissent
A vue d’oeil
Devant les portes
Sous les fenêtres.
Au bord du fleuve aux exils
Où coulent les les pleurs et la colère
Les bûcherons de la nuit
Ont abattu les saules de l’espérance.
La harpe du retour
Jetée dans les ronces
Pleure ses cordes.
La haine monte la garde
Et fait des rondes autour de la haine.
Qui brisera le cercle ?
L’amour attend son heure.

Ami Juif
Ami Palestinien
Qui venez du désert et du temps
Vous êtes frères.
Le sourire a le même chemin
Sur vos lèvres.
Dans vos yeux se perd le même ciel
Et l’espoir a les mêmes couleurs du printemps.
Vos caresses cherchent les chemins de l’amour
Sur l’âme
Le corps
Mêmes étendues de vos soifs
Où se repose le désir
Avant de chanter
Apaisé
Sur les quais du plaisir.
Le même sable
Erre avec le vent dans vos cheveux
Où les doigts de vos mères
Creusent des chemins à la paix
Tressent des écluses au désespoir
Pour vous endormir
Paisibles
Avec les tendresses du soir.
Au bout de vos rues
Où les pierres crient la colère
Les chemins d’ailleurs s’en vont dans les champs.
Les fleurs y sont précieuses pour le miel
Il adoucit les paroles
Sur les lèvres séchées par le sel
Paroles du coin où l’on peut s’asseoir
Parler
Regarder le ciel
L’ombre du jour qui s’en va
Du soir qui vient.
Pourquoi être en exil sur sa terre ?
Sur les rives du Jourdain
Les enfants courent ensemble
Jouent dans l’eau
Avec les nuages
Sous les mêmes arbres
Le même chant d’oiseaux.
Et les jeunes qui s’aiment ont des visions
Chantent l’amour par leur visage
Et le disent avec les mêmes mots.

Ami Juif
Ami Palestinien
L’un sans l’autre
Vous n’êtes que silence
Désert
Nuit sans matin.
N’ayez pas peur de vous asseoir
A l’ombre de vos enfants.
Si l’on frappe à vos portes
Ne soyez pas sourds
Ouvrez vite
La paix vous attend.
Alors
Sur les collines
Dans les vallées
Il y aura à nouveau des troupeaux blancs
Des lys sauvages
Et les coqs réveilleront le jour sous les treillis
Et l’allégresse redansera pour vous
Dans les vignes
Au milieu dans pampres fleuris
Promesse d’abeilles
De vin
De fraîcheur pour les midis.
Elle sera loin
La Mer Morte.
Vous êtes frères.
Isaac et Ismaêl sont vos cèdres.
Le sourire
Aura toujours le même chemin
Sur vos lèvres.

Fin Décembre 1997