Le vent de l’ombre

A mon ami le Peuple d’Algérie

Hier
Dans la nuit
Les hirondelles-pères-mères-enfants
Sont parties
Des plaines de mes automnes
Vers les collines aux cerisaies de Kabylie .

Odeur interminable de sang
Toits effondrés
Absence
Si présente
Des Pères-Mères-Enfants
Déchirés
Egorgés
Enterrés quelque part dans les champs
Terre veuve
Stérile
Silence trop vivant
Amours perdues
Jamais retrouvées
Cerisiers abattus
Pour le cercueil sans fin
Du temps arrêté .
Tout
A fait repartir
Les hirondelles-pères-mères-enfants
Etourdies
Eperdues
Au-dessus du couchant
Où crie sa douleur l’infini .
Sur le chemin du retour
Avant la traversée des pleurs
Ells ont voulu se reposer
Un instant
Sur les bords de mer d’Alger .
Le Vent de l’ OMBRE
A l’affût
Assoiffé
N’ayant plus rien à tuer
Et de peur d’avoir été reconnu
Les a soudain balayées
Jetées contre les murs
Egorgées
Sous les yeux horrifiés de la nuit .
Aucune vie n’était là pour voir la vérité
Ni entendre leur cri :
PITIE .

Dans les plaines de mes printemps
Les cerisaies en attente
Auront des larmes de sang
Ne voyant pas revenir
La joie et les appels
Des hirondelles-pères-mères-enfants .

Janvier 1998