L’enfant est parti

L’enfant est parti
je l’ai vu s’en aller
sur la route infinie
d’une vraie liberté
pour suivre le songe
nourri d’espérances
qui vit dans les blés…
Il cherche l’enfance
perdue dans les ronces
aux combats sans étés
là-bas dans la plaine
où l’on parle d’amour
toutes portes fermées…

L’enfant est revenu
je l’ai vu arriver
ses yeux sont si tristes
que le jour s’est brisé…
Il a dans ses bras
son enfance tuée
ses frères l’ont battue
ses sueurs l’ont pendue
et sur elle si frêle
se sont acharnés
là-bas dans la plaine
avant qu’elle ne meure
dans les chaumes fanés…

L’enfant s’est assis
immobile et muet
devant son enfance
si belle et si morte
étendue à ses pieds…
Au bord de la route
poussière du passé
il écoute éperdu
le chant de la plaine
poète embrasé
prophète infini
qui sait rendre à la vie
l’enfance et les blés…

Mai 1987