Les grues passeront ce soir

Vignes nues
Champs plongés dans les brumes
Pâles soleils
Solitude
Sarments qui brûlent.
Les grues passeront ce soir.
Elles avaient déjà essaimé la veille
Avec la nuit
Quelques morceaux de lune.
Je les ai entendues crier mon nom.
Ciel déchiré.
Sentiers enneigés.

Tous les instants seront bientôt ailleurs.

Chercher le bonheur dans l’impossible.
Personne ne sait où il se trouve.
Est-il le chemin sans chemin des songes
Du perdu d’avance
De l’inespéré ?
De l’invisible non dit ?
Du vécu délivré ?

Tous les instants seront bientôt ailleurs.

Accepter la médiocrité
Pour échapper à la solitude
Et trouver l’équilibre
Sécurisant
De la foule
De l’habitude
Des bien-pensants ?

Tous les instants seront bientôt ailleurs.

Qu’il est bon d’être seul
Autre
D’être un lac
Pur
Insondable
Dans la savane immense des pensées
Où fleurit l’infini des acacias.

Champs peuplés d’étoiles
Espaces enceints de déserts blancs
D’herbes habitées de sources
D’oiseaux
De nuages
De cerfs-volants
De montagnes bleues
Où se reposent les eaux des songes
Les arbres
Les sentiers qui donnent des rendez-vous au désir
Aux instants
Qui seront bientôt ailleurs.

Les grues passeront ce soir.

Janvier 2005