Les saisons s’en sont allées avec vous

(A Maria et Francesco, mes parents)

Les saisons s’en sont allées
Avec vous
Chargées de vos jours
D’un espoir jamais tari sur vos visages
Qui savaient cacher leur amour
Dans les yeux
Dans les roses et les lys
Et me parlaient
Le soir
De bétail
D’enfance
D’un soleil de jadis…

Les saisons sont revenues
Sans vous
Laissés sur l’autre rive du temps
Où coule l’amour
De qui vous a vus partir
De qui se souvient
Eau de regards
Pour mes champs
Pour l’infini de la vie
Que l’horizon
Chaque matin
Sur les chemins du soir
Vénère
Jusqu’au soir des chemins…

Les saisons reviennent
Reviendront
Désormais
Sans vous
Mais j’entendrai
Encore
A la fenêtre de l’invisible
Parler le vent
De vous
Aux arbres
Aux oiseaux
Amis de vos songes
Aux blés mûrs
Qui gardent
Eperdus
En souvenir
La couleur de votre peau
Aire de tendresses
Où le ciel
Si dur
Si bas
Si chaud
S’est brisé
Tant de fois
En éclats d’illusions
De sueurs
Poussière de marées
Sans aventures
Durcie dans vos bras
Tendus
Epuisés…

Ce soir
A l’écoute de vos présences
Aux portes de l’été
Ouvertes
Sur la route du silence
Les champs à peine fauchés
Tièdes de nuit
Me renvoient de leur haleine
Où s’endorment les rosées
Les lucioles
Les troupeaux de la galaxie
Aux foins de vos étés
Aux étés de vos champs
Confins de vos vies…

Mai 1991