Où la solitude a ses rencontres

Ne plus savoir qui je suis .
Mais suis-je encore quelqu’un ?
J’ai perdu mon nom
Les chemins de mon âme .
Je ne reconnais plus mon visage .
Les miroirs sont vides .
Quelle main
Secrète
Leur a ôté le tain du visible ?
On a voulu me ranger
Je m’en souviens
Avec mon amour mon sang
Dans ces ornières ferrées
Cette bonne route
Où passent tant de trains bien sages .
Mais j’allais trop vite
Trop loin
Et j’ai déraillé au premier couchant
Au premier orage .
J’ai saisi
En passant
Les arbres de l’errance
Où la solitude a ses rencontres
Et le regard ses silences .
J’en ai fait mon image .
Y aura-t-il quelqu’un qui parcourra sur sa route mes chemins ?
Vouloir être suivi
Etre immortel
Quelque part
Malgré les terrains vagues
Du corps
De l’âme
Et … dire seulement je t’aime
Le dire avec la ligne de l’oiseau qui passe
Avec le désir du printemps qui tarde à venir
Avec le vent qui s’apaise delà les interdits
Avec le soleil qui se meurt
Car personne ne le regarde plus
– Il est là depuis si longtemps –
Et se laisser porter le long de l’inconnu
Par les larmes et les rires d’un visage
Le regarder paraître et disparaître
Nager dans les herbes folles
Avec des brasses de désir
Et se souvenir de notre beauté
Sigillée de promesses
Celle qui nous est propre
Qui ne peut être comparée à aucune autre
Celle que j’ai assise sur mes genoux
Regardée dans les yeux
Prise dans mes bras
Mise au centre des songes
Et que j’ai trouvée si douce
Pour en faire le champ de mes ivresses .
Mais je ne sais plus qui je suis .
Et … ce va-et-vient de saisons inconnues
Qui hantent le bord des sentiers
Où je me cherche .
Qu’importe
S’il y a toujours
Quelque part
Cette odeur
Bien connue
Bien présente
D’amours inachevées
Qui attendent .

Juin 1998
( d’après des instants place Saint Didier
en Avignon le 20 juillet 1997 )