Partirons-nous ce soir ?
Sous l’aile de l’été
Autour de l’étang
Même le vent s’en est allé.
Sur l’eau les jours n’ont plus de radeau.
Les matins sont toujours amarrés aux midis.
Les libellules ont perdu leurs ailes dans les roseaux.
Partirons-nous ce soir ?
L’odeur morte des désirs fanés
– Refrain sur de gestes incolores –
Envahit les ruches désertes.
Dans un coin sont assis des mots esseulés.
L’or et le miel de jadis
Ne sont plus que cire
Que temps séché.
Partirons-nous ce soir ?
Au bord du couchant
Les syllabes à franchir sont déjà effacées.
Dans le noir l’habitude ne nous verra pas fuir.
La route qui nous attend
Enfantera nos songes.
Là-bas
Tout sera mouvance
Surprise
Ile jamais trouvée.
Nos regards seront heureux
De se donner rendez-vous
Pour se regarder.

Novembre 1991