A la lisière de l’autre

                                                                                                                  à Alice

 

Sur le Pô
Immobile
S’en vont les soirs
Les vaisseaux des amours
Jamais dites
Songes en hibernation
Malgré les chaleurs de la plaine
Où même l’été a du mal à se reconnaître.
Le Pô a-t-il encore vingt ans ?
Les coquelicots et les soirs sont fragiles.
Tout se perd derrière la nuit.
Seuls les brochets et les anguilles
Connaissent la route
Des appels invisibles.
Sur les grèves bleues
Les étoiles courent avec les amours revenues.
Elles ont toujours vingt ans.
Je l’avais oublié.
Je l’ai découvert par hasard
Dans le chant de grillons et de cigales
Enfoui dans les jeunes peupliers.
Plus loin
Un champ de blé.
Il est mûr
Je vais m’en aller
Le Pô est toujours immobile.
L’amour m’appelle.
A la lisière de l’autre
J’ai toujours vingt ans.

Mars – avril 2001