Au lavoir du mal

Une allée de peupliers dans la neige.
Un reposoir de cigales au bout de l’été.
Le brouillard implore la plaine
Aveuglée.
Les corbeaux croassent
Insistants
Près des rives désertes
Eclats d’un miroir brisé.
La porte des lunes montantes est ouverte
Le vent s’y engouffre avec la voie lactée.
Branches de matins esseulés.
Les feuilles du printemps s’en sont allées.
Veux-tu me dire ce que tu vois au bout de l’allée ?
Au lavoir des pièges
Oubliés
Le mal
Domestique du bien
Lave ses mains du sang inutile
Indélébile
Souffrances vives
Ames mortes
Etranglées
Dans les coins les plus écartés
De toutes les vérités.
Est-ce au bout de l’allée ?
La forêt du mal avance
Dans les brumes
Les compromis
Lâchetés du courage au cœur tendre
Bataille de flèches
Où l’on tue les légendes
Les prophéties.
La forêt avance dans la plaine.
Les cris
Lancinants
– Les entends-tu ?-
Sont-ils le chant d’oiseaux perdus ?
Le mal s’est mis à genoux
Il veut être compatissant
Il est rusé.
Est-il le Bien ?
Dans cette allée
Veux-tu me dire ce que tu espères pour moi ?
La plaine
Découragée
Veut s’en aller.
Elle s’en va.
Dans mes yeux
Elle me dit adieu.
Pourquoi pleurer ?
L’enfant sera toujours là.

Juin 2001