La surate de l’aube qui aime le matin

Le désert a bâti des palais d’argile de paille et de sable et s’en est allé.
C’était le soir.
Je l’ai vu partir.
Je ne sais pas où il est allé ni où il se repose.
Je l’ai poursuivi longtemps.
Il allait trop vite.
Mon amour l’a perdu de vue.
Il y a des mirages d’eau verte et des haies de dromadaires au loin.
Pourquoi mon âme s’est-elle mise à chercher des yaks ?
Je me suis trompé d’altitude et de soif. Mais elle ne s’est jamais trompée de visage.
Le tien.
Ton regard a le sourire des blés en herbe rêvés par la blancheur aveuglante des mosquées perdues sur les terrasses des vallées de Taïz.
Les minarets chantent.
De loin
Très loin
Viennent les caravanes des songes-effluves des caféiers de la myrrhe et de l’encens.
N’as-tu jamais vu la mer pourpre ?
Elle viendra à ta rencontre sur le chemin de mes caresses quand les aigles et les milans couvent de leurs ailes la lumière des couchants. Des œufs de leurs nids éclora la beauté de nos tendresses.
Le soleil se voile de poussière d’or à l’approche des montagnes de basalte.
Vois-tu les arbres ?
Regarde bien.
Je les vois immenses sur les pentes du désir.
Dans les cours intérieures des palais de Târim le vent joue avec le sable et écrit des versets de mélancolie sur le sol les murs les fenêtres sans volets les marches des escaliers érodés par le temps.
Il s’y est assis depuis si longtemps.
L’amour est-il un vent du temps ?
N’oublie pas de lire la surate de l’aube qui aime le matin.

Mai 2001