Le minaret des certitudes inutiles

à Baptiste

Le minaret
Etait calme
A côté du trône d’Allah.
Il méditait les certitudes inutiles
Ciel sans nuages
Platitude du prévu
Foi de l’habitude.
Assis sur le parvis
Trop blanc
Aveuglant de midis
Tu regardais la mer
Chargée d’embruns et d’ombres
Seul espoir du doute possible.
T’en souviens-tu ?
Que peut apporter une porte close ?
Tu avais besoin de lumière et de nuages
Sans murs
Sans battants
Sans portes
Seulement du chemin du vent
Connaisseur de l’invisible
Bordé d’arbres semés par les songes
Libres
Où les feuilles sont bleues grâce aux pénombres
Et les fruits n’en finissent jamais de mûrir
Pour les soifs des lèvres qui attendent.
Tu m’as donné la main de ton regard.
Tu implorais les caresses des vagues
Sur le midi de ton sourire aux lèvres de blés mûrs
Sur le minaret hanté d’oiseaux et d’espace
D’oiseaux qui se dressent
Qui s’en vont
A l’horizontale
Explorer l’inconnu de l’extase
Minaret qui a coupé
Enfin
Les amarres du trône d’Allah
Minaret de ciel et d’algues
Minaret des escales
Aux voiles immenses d’inconnu
Qui cherche
En toi
Les lointains inespérés du naufrage

25 août 2001