Le palais du Sultan

( CHUTE DES LIBELLULES )

Route sans destination.
Un chant d’ailleurs.
Gare sans fin
Rails de rendez-vous-adieux-au revoir.
Mon regard est parti.
Je ne sais pas où il est.
Je ne sais comment le faire revenir.
La mer doit être quelque part.
Il fait beau.
Le soleil m’invite
Mais il ne sourit pas.
Tu me manques
Tu es loin
Trop loin
Plus loin que le palais du sultan d’Erfoud.
J’ai dormi avec tes désirs.
M’as-tu senti ?
J’ai toujours rêver de partir avec toi.
Les libellules sont tombées
Derrière les murs en pisé du palais-vaisseau-mirage.
Tu ne l’as pas su.
Leurs ailes se sont écaillées
Cassées
Dans les ronces et les figuiers de barbarie.
Leurs songes bleu-verts se meurent avec le palais et le vent
Qui a caressé trop longtemps
Trop fort
Le passé
Sable toujours vivant
Malgré la senteur de larmes
D’un regard qui s’éteint.
Palais en perdition
Poussière de terre et de paille
Palais soir-silence.
Le harem est sans portes.
L’esclave noir a perdu les clés de l’amour
Et n’a plus de serrures
Par où regarder les amours mortes.
Le sultan et le vent se sont endormis
Depuis longtemps
A la lisière du désert
Sans fin
Sans temps.
Il m’a reconnu.
Nous avons vécu tant de choses ensemble.
J’irai à la recherche de la mémoire
Sous le sable
Où attendent les graines du printemps
Toutes ces graines d’un pouvoir inutile.
Vers le soir le désert s’est mis à rire de ses dunes.
Tu ne l’as pas entendu.
Mais
Là-bas
Près des arganiers
Arbres aux branches de chèvres
J’écouterai pour toi le chant du silence
Qui court sur une vaste mer de dattiers

Aoùt-septembre 2001