Le train de l’oubli

A l’aube j’ai pris le train pour l’oubli.
Il neige.
Les arbres chantent leur givre.
J’ai traversé les contrées de la mémoire.
Le désir se réchauffe près d’un bivouac
Où se sont donné rendez-vous les souvenirs.
J’en ai aperçu quelques-uns
Encore trop jeunes pour mourir.
Le train court dans la neige.
Les oies sauvages
Très haut
Dans le froid
Racontent leurs voyages.
Elles ne connaissent pas l’oubli.
Les étangs gelés méditent le printemps.
Le train court
Roule avec les nuages
Se perd dans les brumes de ce qu’il ne veut pas savoir
Dans les replis de l’âme
Dans les soifs du corps.
Un hennissement de chevaux
Dans la nuit qui s’en vient à la rencontre d’un espoir.
Pays vides
Désolés.
Le train court
Depuis toujours
Il passe de la neige au désert
De saison en saison
Il roule d’un souvenir à l’autre
Il cherche la gare de l’oubli.
Vous la connaissez ?
Il n’est jamais arrivé.
Il n’est jamais revenu.

23 octobre 2001