L’été sera long sans ton sourire

à Rémy

Tu es parti sans me dire ton amour.
L’été sera long sans ton sourire.
Dans le temple de Jokhang
Le poète saura t-il se consoler ?
Sur sa tombe
A genoux
J’ai prié pour ton retour.
J’ai aspergé d’espoir les oriflammes des sommets
Prières du vent et des nuages
Aux couleurs de libellules délavées.
Avec elles sauras-tu me dire ton amour ?
Demain
Pour toi
Au chant lointain des bergers de yaks
Des bateliers des hauteurs
Passeurs des âmes en désir
Je traverserai le Brahmapoutre
Ses arcs-en-ciel
Ses infules de désert
Jusqu’au monastère de Samyé
Mandala parfait aux toits rouges et or
D’où les alouettes viendront à ma rencontre
Avec la lumière de leurs cris appris par l’aube
Sur la route douce d’eaux-saules-peupliers
Sables tendres-colza-champs de blé
Jardins-mystère de pêchers sauvages
Où je verrai enfin le temps s’arrêter.
Monastère immobile
Entre ciel et terre
Entre le deçà et le delà
Entre moi et l’autre
Entre moi et toi
Entre le réel et le possible
Le visible et l’invisible
Entre l’être et le devenir
Où je n’en finirai jamais de chercher ton amour.
Je t’ai aperçu dans les cellules des jeunes lamas
Dans leurs regards.
Ton amour n’a su rien dire.
J’étais là à attendre.
L’été
Sera long
Sans ton sourire.

Juin-juillet 2001