Saurai-je aller jusqu’au bout?

Un chant d’oiseaux d’automne.
L’équinoxe s’en va.
Je vois les jours décliner.
La mer se remplit de douceur
De lumière caressée par le songe qui attend
Par le sourire d’un passant espéré
Par les linéaments d’un visage
Connu autrefois
Qui a changé.
Tout passe.
Tu es passé.
Il y a une source tarie à l’ombre de l’espoir
Et la mer n’a plus de contact avec la mer
Elle s’est solidifiée à Shibam.
Le sable a des vagues immenses.
Il n’y a pas de voiles au loin
Seul les cris du vent qui avance
Sur des vaisseaux de dunes
Remplis de promesses
Qui se font et défont au gré de l’instant.
Des nuages transparents
Presqu’inexistants
Cherchent un port dans l’infini du vide.
C’est peut-être là que je te trouverai
Au bout de ma route
Où il y a sûrement une rivière quelque part.
Mais saurai-je aller jusqu’au bout
Là où la vérité se cristallise et fait si mal
Où les albatros perdent leurs ailes
Et tombent en gouttes de sang ?
L’on commence à mourir quand on n’a plu de songes
Quand on n’a plus la force de tout recommencer
Delà les murs et les horizons
Où les bateaux s’en vont
Légers
Chargés d’arcs-en-ciel
Sans plus se préoccuper d’une destination.
Sur la mer ocre de Shibam
Le soir pleure les lèvres absentes du matin.
Saura-tu un jour choisir
Ou laisseras-tu toujours d’autres lèvres choisir
Ton soir
Ton demain ?
L’on viendra
Sûrement
Te demander des nouvelles de notre amour
Tous ces gens consumés à commander
A demander des comptes
A construire des gares et des rails
Où se meurt et sèche l’herbe des songes.
Ne réponds pas.
Nos yeux renaîtront toujours quelque part.
Il est temps que je m’en aille.
Qu’importe la route.

Octobre 2001