Un bruit de rames

J’ai voulu savoir.
J’ai su.
J’ai tout perdu.
Naufrage de cerfs-volants
Le vent baisse
Les vagues ne parlent plus.
Dans la nuit j’entends un bruit de rames
Je ne sais qui va venir.
Dans le vide de mon vide
Quelqu’un est là
Et il ne le sait même pas.
Delà les remparts du savoir
Il est un terrain vague
Où la mort épouse tant d’âmes
Sans sourires
Sans larmes
Pour les condamner à vivre
Pour les voir mourir sans mourir
Pour les voir courir
Essayer de sauter par dessus les remparts
Revoir les vivants
Rentrer dans le savoir
Et attendre
Que l’on vienne
De quelque part
Dans ce bruit de rames
Paravent des songes
Où la vie
La vraie
Est possible
Où les rencontres
Elles-mêmes
Se font âmes.

Dans le désert
Une forteresse en ruine
Sans remparts
En pisé
Une route de palmiers
Un filet de fraîcheur dans les luzernes
Des ruches sous les frangipaniers
Le bruit saccadé d’un diesel d’une pompe à eau
Deux sourires dans un bassin fleuri de midis à l’affût du désir
L’ombre verte d’un regard mi-clos.
La beauté se lavait avec le soleil.
Derrière le paravent
Dans le parfum des luzernes
Dans un bruit de rames
Une rencontre–âme avec l’inespéré.

Octobre 2001