L’eau du Congo est riche
Très riche.
Elle charrie diamants et or.
Mais elle est pauvre
Très pauvre.
Elle se meurt en vomissant du cuivre et du cobalt.
Sur ses berges les arbres immenses voient très loin.
Les enfants cherchent les sentiers de l’enfance.
Lèpre du sexe dans les huttes abandonnées.
Faim et pleurs sur les épaules décharnées.
Ne vous arrêtez pas.
Les routes non pas de fin.
Vous arriverez aux confins de l’insupportable
Où les massacres vous attendent
Où les diamants se ternissent dans vos yeux vides
Où la fatigue oublie les rames de l’espoir.
Continuez à ramper dans les mangroves.
Les plaines sont très loin.
Les machettes vous attendent.
Grimpez aux branches des palétuviers.
Fuyez la fange humaine
Qui assassine vos forêts et vos rives.
Les hauts plateaux sont encore loin.
Y arriverez-vous ce soir ?
Les enfants sont fatigués
Ils ont faim.
Les pélicans jacassent dans les arbres
Vos seins et vos mains sont flétris
Asséchés
Avilis
Y arriverez-vous ?
Le Congo charrie vos regards perdus
Eperdus.
Octobre 2009