Lune au bout des rails

Le lointain souffre
Pleure
Il n’a plus d’amers
Il s’est perdu.

Sombres nuées d’étourneaux à la dérive.
Le berger s’est couché sur les rails avec son étoile.
Il cherche les gares des songes.

Les enfants mangent l’automne et les arcs-en-ciel
Dans le verger aux arbres coupés
Humiliés.

Une image dans l’eau qui tremble.
Fugitifs instants
Aimés de la pluie et du vent.

Premiers rendez-vous adolescents
Labyrinthes de passion
Jardins sacrés
Où la lune cherche son chemin.

Théorie de saules et de joncs sur le fleuve.
Embruns d’étoiles.
L’infini devient le calme vide d’un étang.
Mes yeux sont las d’attendre à te voir.
Inutiles chevauchées sur les sentiers
Où l’ailleurs et la lumière sont prisonniers
D’un demain déjà prisonnier d’incertitude.

Ombres blanches de falaises
Embrumées
Tourmentées.

J’effacerai les doutes
L’exil
Où la vie n’est plus une frontière.

La lune roule sur les rails de la plaine.

Les songes l’ont pourfendue avant l’aube.
Une moitié
Tombe sur un talus rouillé de ronces
L’autre
Sans se retourner
Court toujours vers le lointain qui souffre
Pleure
Se cherche.

Au bout
Sans gares
Mon âme est en quête.

Novembre 2005