Le train des hautes herbes

à Kolja et Pablo

Collines.
Savane.
Horizon vide.
Attente.
Un train traverse les hautes herbes.
Bâillement du désir.
Midi sous les acacias.
Le fleuve s’endort.

Ennui de vautours sur les branches du soleil.

Rires saccadés de hyènes
Sous les paupières des chacals.
Le train s’arrête à la solitude du baobab.
Il étend le couchant sur les rochers du lointain.

Galop de zèbres.

Le train poursuit le silence de son chemin.
Le fleuve se réveille avec les roseaux.
Crocodiles impassibles
Se mêlent à l’eau verte de l’habitude.
Le jour respire les hautes herbes.
Envol de pélicans sur les lèvres des rives.

Le train ralentit devant les songes
Groupés avec les orages qui avancent.
Tonnerres d’arcs-en-ciel brisés par l’éclair.
Tourment des vautours affamés
Qui voudraient lacérer les nuages.

Cheminement indolent de félins
Sur les rails de la faim
Ornière d’espaces programmés
Au point d’eau du vent qui voyage.

Crépuscule dans les hautes herbes.
La lumière annonce les rosées-galaxies.
Infinitude de soleils qui se fanent.

La nuit emporte le train et les cris du silence.

Octobre 2011