Se perdre

Au croisement des nulle part
Des multiples routes éteintes
Des pas inutiles aux terrains vagues
J’ai essayé de me perdre.
Sauras-tu guider mes songes jusqu’au désir ?
Les aulnes ont oublié le chemin des lucioles
La voie des granges aux visages de l’été
Le chant des alouettes
Perdues
Dans la voie lactée.

Ton sourire s’est lavé aux sources du matin
D’entre les belles de nuit et les libellules
Où les hanches du jour sont en prière
Pour te rappeler les flamboyants bleus de l’oubli.

Se perdre dans les nids des cailles dans les blés
Dans les brochets et les iris jaunes des fossés
Avec l’essaim de pagodes sur les rives
En méditation
A genou
Sous les tamariniers.

Me perdre
En te perdant
Dans le silence priant des camaldules
Drapés dans leur bure blanche jusqu’à la mort
Tout en haut de la colline
Où bataillent toujours les dieux d’Achille et d’Hector.

Me perdre dans les roseaux des chants de Virgile
Dans la plaine errante
Aimée par le Pô
Jusqu’aux falaises des bruyères et des songes
Que les navires emportent au loin
Avec la joie des horizons.

Les faucons nichent sur les hauteurs et le vent
Avec les visions qui murmurent l’ailleurs
La nostalgie des amours perdues
Noyées dans l’étang sans brumes
Où personne ne peut se perdre
Où rien ne s’est perdu.

Mai 2011