La forêt dans le jardin

Odeur lente de la plaine qui se fâne
Dans le jardin muré de brumes.
Plainte soumise des feuilles poussées par le vent
Dans les allées-nuits si longues de mon âme.
Lointains trempés de lunes
Dans la lumière qui décline et attend le printemps.

Aux grilles ouvertes du désir
Sur les pierres usées de l’oubli
La beauté s’est mise à courir.
Je l’ai vue traverser le tourment du jardin
Celui qui hante les brumes
Le souvenir.
Mais le passé passera-t-il?

Berger des arbres qui fuient les saisons
Sur les étendues sans fin de l’enfance
Je t’ai entendu les appeler
Les rassembler à la croisée des visions
Où l’amour les nourrit d’oiseaux
Et les désaltère aux fièvres du silence.

Tu as pris la forêt par la main
Et les chants de la plaine sur les épaules
Tu as envahi l’attente du jardin.
Alors mon désir t’a pris dans ses bras
Et de branche en branche t’a porté au sommet du grand arbre
Où l’infini est toujours vert
Et les vaisseaux n’ont plus de mât.

Sur le lit d’un orage d’espoirs,
Je t’ai étendu
Printemps
Nu
Face au printemps de mes lèvres
De mon regard
De mes mains
De mon âme sculptée par le soir.

En bas
La clameur des brumes qui se déchirent
Des murs qui s’effondrent.

Ils sont puissants
Les racines des arbres
Et… le temps.

Novembre 1996