La main des pluies attendues

 

 

La mer dit un jour a la rivière :
– Je n’ai pas soif. Pourquoi me donnes-tu à boire ?

– Je suis la main des pluies attendues.
Répondit la rivière.
– J’enlève le sel de tes lèvres et caresse l’écume du désir.
Soif des jardins perdus, je viens rafraîchir tes
hanches qui s’ouvrent à l’attente du navire.
Je suis la voile qui cherche le repaire du vent au fond de tes yeux nourris d’étoiles où les oiseaux gardent les clés secrètes du plaisir.
Colline transparente de blés mûris au soleil des altitudes je pénètre tes bleuets infinis que le bras de l’horizon étreint chaque soir avant de s’endormir.
Poème d’eau tendre je te chante le songe des rivages et l’amour des abers qui viennent à ta rencontre.
Je suis la main qui se consume en caresses, la main des pluies attendues. Elles viennent. Les entends-tu?
Fais taire la nuit et abandonne-toi au désir.

La mer dit un jour à la rivière:
– J’ai soif. Merci de ta main tendue.

Juillet-août 1996