L’appel des hérons et des foulques

aux amis de la rue Caïroli

Brumes profondes
Lacs transis de givre.
Mon corps d’enfant
Blessé de froid et de ronces.
Avec le Mincio je cherche un passage
A travers les roseaux et les joncs de l’aube.
Le Pô n’est pas loin dans la plaine.
Et il y a des nuages
Qui viennent de très loin
Qui viennent de la mer
Jusqu’au désir.
Trouverai-je un radeau au quai du plaisir?
Amarrée à l’île de Manto
Chargée de ruches, tours et madrigaux
Mantoue attend l’oracle du voyage.
Sera-t-il toujours immobile?
Le souvenir
Accoudé aux fenêtres-nord de la rue Caïroli
Attend l’appel des hérons et des foulques
Syllabes d’un mot déjà parti
Trop loin
Mot éphémère
Que le passé n’ose plus dire.

Décembre 1996