Le voilier du matin

à Sarah

Au large du matin
Un voilier attend.

Sur le sable mort
L’épave d’une saison attendue.
Débris d’horizons aperçus au soir
Où le tourment se fait fèvre de l’inaccompli
Et le vide court après la plénitude.
Glycines éparses
Délavées
Aubépines salies
Notes brisées d’oiseaux timides
Gestes mutilés
Et tant de solitude
Incrustée de sel
Séchée.

De ses rosées fragiles
La nuit lave l’amour
Blessé.
Saura-t-elle écrire un nouveau jour?

Au large du matin
Le voilier attend.
J’entre dans l’eau
La main tendue vers l’arbre aux goélands.
Je ne fais qu’un avec le pont
Ses hanches
Le mât.
L’écume jaillit sur les lèvres du vent.

Au large du matin
Le voilier s’en va.

Avril 1996