Sur la marche la plus haute

La lumière
Descendait
Nue
De l’Annapùrnà
A travers les herbes bleues et les blés
Mûris sur les terrasses à visions
Où le silence se raconte au désir
Et apaise les pas mutilés.
Je poursuivais les fleurs les papillons les oiseaux
Dernier sourire de la saison fraîche
Qui avait fui les lèvres brûlées du Gange
Où la mort assoiffait les plaines.
Sur la marche la plus haute du temple
Le plus haut
Le soleil et le soir se sont assis près de mon regard.
Ils devenaient métal
Prière
Feuille tendre
Sur les toits de Katmandou
Où ils inventaient l’amour
Ses espoirs
Ses présences.
Dans les rues
Avançaient une danse d’enfants
Un chevreau fleuri
La joie rythmée de cymbales
Pour l’ailleurs attendu
Et la soif de Kali.

Plus tard
Avec une nouvelle lune
Devant la statue noire
Elevée au carrefour des songes
J’ai décapité la nuit
Sur l’autel du sang
Où j’ai aspergé mon désir
A genoux
Dans la lumière du matin
Qui sait tout exaucer
La quête des mains
L’appel du sourire.

Mai 1996