Traversée

 

à Ali et à l’Oued des Sept Mariées de Moularès 

 

 

Ali,
Le jasmin que tu as mis dans mes mains
Déjà combles de soir
M’a permis de traverser la nuit
Où le souvenir qui poursuit notre âme
Même le plus intense
– Amour souffrance désir –
Se fait habitude
Quelque part
Sur la rive de la vie.

Ali, Le regard que tu as mis dans mes yeux
Déjà combles de transparence
M’a permis de traverser le vitrail
Indifférence opaque
Que le phosphate suspend sur le couchant
Alors qu’il se lave.

Ali,
Le matin que tu as déposé sur mes lèvres
Déjà combles de soif
M’a permis de traverser l’Oued des Sept Mariées
Emportées jadis par les eaux d’un orage d’été
Vers les sables de Moularès.
Avec les époux aux attentes blessées
Aux yeux sans regard
J’attends sur l’autre rive.
L’infini est à nos côtés
Malgré la haie d’aloès.
Seuls l’amour et la mort ne peuvent être habitude.
Sur l’autre rive ont-ils des promesses?

Septembre 1996