Il l’a vu de très loin

Il est parti de sa plaine éclairée de printemps.
Il a demandé un cheval pour s’en aller très vite.
Il a traversé les contrées des neiges
Les terrains vagues piétinés d’attentes inutiles.
Il a dû oublier l’amour sur des chemins inconnus
Où se perdent les amers des visages
Les joies des orages que la grêle remplit de vide.

Les caroubiers et les chênes sont mûrs d’étés.
Il se nourrit avec les corbeaux et les vautours
Dans les auges de l’abandon solitude.
Nostalgie de sa plaine aux lointains perdus.
Remords de soleils éteints dans la poussière.
Larmes et pardon ruminés d’yeux hagards
Où l’on veut rentrer cheminer sur les sentiers de jadis.

Il l’a vu de très loin avant qu’il ne paraisse
Il a couru à sa rencontre hors d’haleine
Il a allumé les soleils et les lucioles des rives
Il a embrassé son visage d’éclairs
De sérénités transfigurées de blancheurs
Il l’a revêtu d’une écharpe de galaxies
Qui tressaillent de félicité et de vie sur tous les arbres.

La mer et les collines sont venues lui rendre l’anneau
Egaré lors de tant de nuits sans étoiles
D’aubes aux nuages épais sur les fleuves asséchés
D’oiseaux tombés dans les pièges des insoumissions
Que le vent n’arrête pas de balayer
Pour vivifier  les braises sous les cendres oublis.
Le banquet est prêt et les invités arrivent.

Toi qui n’es jamais parti tu peux avoir l’œil envieux.
Sois généreux et ouvre ton cœur compatissant.
D’autres vaux engraisseront dans les étables
Et dans les mûriers la soie est déjà tissée pour tes hanches.

Toi lui nous vous sourions au nouveau soleil de l’aube.

Mai 2012